J’ai expérimenté l’intelligence collective

Une fois n’est pas coutume, je serai la protagoniste de l’histoire.

Je voudrais vous partager une expérience qui m’a véritablement bouleversée. L’histoire que je vais vous relater est entièrement vraie.

Ne vous focalisez pas sur les faits pratiques, seules les ressentis sont importants.

Alors, êtes-vous prêt(e) ? Je vous emmène à la rencontre de l’intelligence collective…

Le contexte de l’expérience

Nous sommes en juin 2023. Je participe au palier 2 de la formation Horses&Coaching® sur l’accompagnement des équipes facilité par le cheval. Je ne vais pas vous détailler l’intérêt et la puissance d’un tel accompagnement : si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, je vous recommande mon article « Développez la force du collectif grâce à l’accompagnement facilité par le cheval ».

Ce qu’il faut retenir avant tout, c’est que l’expérience collective avec le cheval nous renvoie à nos capacités individuelles et collectives à construire un projet et à le mener à son terme dans les meilleures conditions possibles, c’est-à-dire de manière efficiente. Pour faire plus simple, c’est la combinaison de « 1+1 =3 » et du fameux « un pour tous et tous pour un ». Petit élément technique à préciser cependant : l’expérience avec le cheval se fait en liberté, c’est-à-dire que rien ne lie ou ne relie le cheval à l’humain.

 

Pour permettre à deux collègues de formation de s’entrainer à l’accompagnement d’une équipe, me voilà servant de cobaye avec un autre collègue et nos deux – extraordinaires – formateurs : Guillaume Antoine, le « père » de l’équicoaching en entreprise en France, et Béatrice Simkins, sa fidèle et complémentaire associée.

Petite pression quand même : ce n’est pas tous les jours que l’on peut interagir avec d’aussi grands experts en accompagnement facilité par le cheval. Néanmoins, ce malaise se dissipe très vite : je perçois les énormes bénéfices d’une telle situation et je n’ose pas imager tout ce que je vais pouvoir apprendre avec eux ! bref, mon enthousiasme est à son maximum !

Faire partie de l’équipe

1er round : nous choisissons en amont de la mise en relation avec notre partenaire équin – et d’un commun accord – une stratégie d’intervention destinée à amener le cheval à coopérer avec notre équipe. Vient tout de suite après la mise en pratique de ladite stratégie, en présence du cheval. Je me vois donc attribuer une place et une fonction, et cela me convient parfaitement car cela nourrit un besoin essentiel chez moi : servir à quelque chose.

Après quelques ajustements, nous arrivons à construire une relation fluide, claire et bienveillante avec le cheval : mission accomplie, nous avons su créer les conditions propices à une relation coopérative et efficace avec ce bel animal.

Ce challenge collectif nous a permis d’identifier individuellement nos points forts : il en ressort que je ne suis pas mauvaise pour amener sereinement et rapidement le cheval à changer de direction. Quelle joie : j’ai le sentiment d’avoir gagné ma place dans cette équipe de choc !

Interagir avec l’équipe

2ème round : nos accompagnatrices nous proposent de tester cette coopération équipe / cheval en ajoutant une étape supplémentaire : faire passer le cheval au trot entre deux barres parallèles placées au sol, au centre de la carrière, et faire en sorte que le cheval parte sur la gauche après le passage des barres. Rebelote : échange d’idées pour décider d’une nouvelle stratégie. Bien évidemment, nous nous sommes appuyés sur les points forts de chacun d’entre nous, tels qu’ils avaient été mis en valeur lors du premier passage.

Me voilà donc placée au point stratégique qui permettra de changer le sens de déplacement du cheval – au trot – pour qu’il se trouve pile poil en face des barres au sol. Je suis investie d’une mission et j’en suis fière.

Est-ce que le fait d’être consciente d’une certaine compétence m’aurait déconcentrée : j’ai déjà fait changer de sens ce cheval, je devrais pouvoir recommencer quelles que soient les circonstances ?

Ou est-ce que de me faire sortir de ma zone de confort en proposant un exercice inédit (inédit au processus de création de coopération du premier round) m’a fait douter de mes capacités ?

Quoiqu’il en soit, ça n’a pas loupé : le cheval a continué tout droit au lieu de tourner vers les barres au sol. La douche froide. Je passe de Jean qui rit à Jean qui fait la gueule. Si j’avais pu, je me serais flagellée. J’ai failli, l’équipe n’a pas atteint son objectif.

« Ce n’est pas grave, on recommence en gardant notre stratégie, elle est bonne. Elisabeth, anticipe peut-être un peu plus tôt le changement de direction. » C’est Guillaume. Alors que je serais capable de me gifler en public de mes erreurs, lui me rappelle seulement que nous en faisons tous et que notre responsabilité est de nous améliorer, pas de ruminer.

Ça a été – et cela reste d’ailleurs toujours le cas – un sujet de plaisanterie avec mes amis : je suis perfectionniste. Le fameux driver « sois parfait ». J’en suis consciente et j’ai déjà beaucoup travaillé sur moi-même à ce sujet. Mais là, j’ai clairement réalisé à quel point ce perfectionnisme grignotait ma confiance en moi en m’interdisant le droit à l’erreur. Le raisonnement devient binaire : t’es bon ou t’es nul. Quelle énergie il m’a fallu dépenser pour reprendre le dessus et me reconcentrer !

Vivre le collectif

L’exercice reprend…et rebelote, dix de der : le cheval continue tout droit !

Damned ! Où est le fouet pour que je me flagelle pour de bon ?

A ce moment, Guillaume, qui interagissait juste avant moi dans l’exercice, s’écrit : « c’est de ma faute, j’ai mis trop de pression sur le cheval. Elisabeth, tu ne pouvais pas y arriver ».

Le temps s’est arrêté pour moi à ce moment précis. Je ne peux pas vous expliquer mon ressenti autrement : je me suis sentie légère. Par ces quelques mots, par sa prise de responsabilité, pas son non-jugement, par sa bienveillance, j’ai senti tout le poids de mes émotions s’envoler. Il ne s’agit pas d’une déresponsabilisation, mais d’une dilution de ma charge émotionnelle. Pour la première fois de ma vie, j’ai fait partie d’un tout. J’ai pourtant pratiqué les sports collectifs dès mon plus jeune âge, j’ai fait partie d’équipes professionnelles, j’ai encadré des équipes mais jamais je n’avais eu ce sentiment d’être à la fois moi (une individualité) et un élément à part entière d’un groupe. Rester soi-même tout en œuvrant collectivement pour un but commun.

Ce sentiment de légèreté était incroyable : tout devenait possible car nous œuvrions ensemble. C’est donc vrai : à plusieurs on se sent plus fort(s) !

 

La clé de l’intelligence collective

Depuis ce jour, je me questionne. Pourquoi ce sentiment d’unité interne et collective était absent de mes précédentes expériences ?

Ce dont je me rappelle, ce sont des ego qui s’affrontent (prouver qu’on est indispensable), ou des talents qui se dissimulent (se taire pour ne pas créer de conflit avec les ego), des règlements de compte qui s’organisent entre collègues (faire de la rétention d’information), des absences (se déresponsabiliser, perdre sa motivation, ne pas trouver de sens aux projets et aux actions)… Les projets n’avancent pas, ou peu, ou arrivent à leur terme en laissant à leur traine des gens épuisés par manque d’esprit collectif.

Vincent Lenhardt fait souvent cette comparaison du corps humain et de l’équipe : chaque élément a son rôle à jouer, chaque élément apporte quelque chose au tout. J’irais plus loin : c’est le cerveau qui orchestre le bon fonctionnement du tout. Et je crois que la clé de l’intelligence collective est à ce niveau : celui du leader.

Même si dans l’expérience vécue, chacun avait une compétence qui pouvait favoriser la réussite du projet, en d’autres termes, même si chacun avait un leadership particulier dont il faisait bénéficier le groupe, nous devions l’unité du groupe à Guillaume. Un leader « suprême ».

Mais à ce stade, il ne s’agit pas de se nommer leader du groupe, il faut l’incarner (mettre les mains à la pâte, « mouiller » la chemise, rassurer, responsabiliser) et il faut le prouver (authenticité, honnêteté, équité, exemplarité).

Je vais faire un raccourci : on ne peut véritablement construire et développer une intelligence collective qu’à la condition d’un top management éthique.

 

Au fait : quand nous avons tenté une troisième fois l’expérience du passage des barres au trot avec un départ sur la gauche, tout a parfaitement fonctionné !

 

Donc, si vous souhaitez devenir ce leader « éthique », l’accompagnement facilité par le cheval est fait pour vous ! (en savoir plus …)

Et pour définir le niveau d’intelligence collective de votre équipe ou de votre organisation, venez avec elle partager cette expérience inoubliable avec le cheval.

Contactez-nous pour de plus amples informations (c’est par ici).

 

La clé de notre performance future et de notre pérennité réside dans notre capacité à mobiliser et à « mettre en intelligence collective » l’ensemble de nos collaborateurs.

Florent Menegaux, directeur général de Michelin, dans sa préface à l’ouvrage « Le management hybride » de Vincent Lenhardt (InterEditions, 2018)

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